Bilan de Strasbourg

Depuis mon retour de Strasbourg le 9 mars dernier, je reste à mon domicile, d’abord en quarantaine volontaire, puis en confinement. J’en profite pour travailler sur mes différents projets, soit la refonte du réseau Historiamatica, mon mémoire, mes contrats de recherche et d’enseignement. J’ai dû repousser le dépouillement de mes sources en raison du nombre d’obligations que je m’étais pris en même temps. Par contre, depuis quelques jours, j’ai pu me replonger dans mes archives et recommencer mon travail dans QGIS. Dans ce billet, je ferai un récapitulatif des trouvailles que j’ai pu faire dans les Archives de Strasbourg, puis je vous montrerai ma nouvelle façon de travailler avec ces sources.

Trouvailles dans les archives

Pendant mon séjour de deux semaines à Strasbourg, j’ai passé près 9 jours dans les archives. J’ai pu entre autres consulter et numériser de nombreux documents dans les Archives municipales, et ce, afin de pouvoir les dépouiller adéquatement à mon retour. J’aurais aimé avoir plus de temps pour aller passer plus qu’une avant-midi aux archives du Bas-Rhin, mais je dois dire que la situation commençait à devenir inquiétante dans le Haut-Rhin, région voisine. Je suis donc revenu au bon moment!

J’ai depuis téléversé les documents numérisés avec mon cellulaire, puis j’ai catégorisé les documents en fonction du type de données que je pourrais tirer de ces différents fonds. Parmi ces trouvailles, on trouve plus d’une vingtaine de cartes géographiques (dont 5 numérisées par le personnel des Archives (en haute définition)), une cinquantaine de rapports et plusieurs dossiers d’arrêtés municipaux, quelques menus de restaurants et des journaux, pour la plupart économiques.

Cartes

Juste pour les cartes, ce voyage à Strasbourg en aura valu la peine! En effet, même si j’avais trois cartes pour recréer la géographie urbaine de la métropole durant l’entre-deux-guerres, ces cartes ne me montraient jamais les faubourgs, qui font pourtant partie de Strasbourg, ni même les villes voisines, qui malgré leur autonomie, participent grandement à la vie économique de la métropole. Sur place, j’ai donc trouvé plusieurs cartes me permettant de combler ces lacunes. Certaines cartes étant petites, j’ai pris mon cellulaire pour les conserver. On y retrouve des cartes sur les transports, sur la densité de population ou encore des petits plans d’aménagement.

J’ai également demandé à faire numériser cinq autres cartes, de même que de trouver une sixième carte qui n’apparaissait nulle part, excepté sur un site web portant sur l’histoire des vieilles maisons de Strasbourg. À la fin de mon voyage, j’ai donc reçu par courriel 5 cartes: un plan de la ville de Strasbourg et des environs pour 1923 (1130W 12), une pour 1925 (8FI 98) et trois plans portant sur les lots de chasses et de pêches pour toute la période de l’entre-deux-guerres (785W 13). Quelques jours après mon retour, j’ai également reçu la carte que nous n’arrivions pas à localiser dans les archives. Il s’agit de la carte de Gruninger (1920). Bien qu’elle ne se concentre que sur le centre de Strasbourg, il s’agit de la seule carte sur laquelle sont identifiées les différentes adresses de Strasbourg.


8FI 90 – Plan de la ville de Strasbourg dressé par l’Administration des contributions directes et du cadastre (1920) par Auguste Gruninger

La qualité de la numérotation laisse à désirer (problème de numérisation), mais on fait avec ce qu’on a, et c’est un ajout monumental d’avoir une carte avec les rues ET la numérotation des bâtiments à cette échelle cartographique.

Données et rapports

Dans le dossier « Données » sur mon Drive, on retrouve environ 30 PDF très variés qui nous permettront de concevoir des tables de données pour pousser l’analyse statistique. Ces documents concernent pour la plupart l’évolution des prix des denrées alimentaires, et ce, pour la farine, les différents pains, les différentes coupes de viande ou encore des poissons… On retrouve également des documents sur l’indice du coût de la vie/indice du prix au détail, des recensements, des rapports sur les dépenses publiques pour l’alimentation, etc.

J’ai également récupéré les arrêtés municipaux concernant l’alimentation, pour comprendre les lois en place dans cette Alsace de l’entre-deux-guerres, en plein combat contre la « vie chère ». En outre, on retrouve également plusieurs articles de journaux sur la situation économique ou encore sur les falsifications alimentaires. J’ai également numérisé les statuts des divers syndicats alimentaires pour comprendre la dynamique alimentaire et les forces en présence dans l’organisation de l’industrie agroalimentaire.

Il serait trop long d’expliciter le contenu de toutes ces archives (et probablement inintéressant de le faire), mais je tiens seulement à dire que je suis très heureux de ces découvertes et j’ai bien hâte de voir toutes ces données! Cela me permettra entre autres d’ajouter l’évolution des prix des denrées dans mon analyse, mais aussi dans l’application web finale.

Méthodologie

Ce voyage à Strasbourg à occasionner un bouleversement dans ma méthodologie! Ce que j’ai déjà fait n’est pas perdu, mais les différentes cartes que j’ai pu obtenir ont changé la façon dont j’ai décidé de représenter le passé. Je souhaitais à l’origine extraire les données géospatiales actuelles que j’aurais croisées avec une table de correspondance pour les changements de noms des rues afin d’obtenir l’ensemble des adresses de Strasbourg. J’aurais alors pu entrer les données historiques pour les associés à des positions actuelles. Par contre, en visitant la ville, les divers musées consacrés à l’histoire urbaine strasbourgeoise ou encore en consultant les archives, je me suis rendu compte que la ville à trop évoluée dans les faubourgs, et même dans certaines rues du centre, pour que le résultat soit rapidement satisfaisant. J’ai en fait l’impression que j’oublierais forcément de modifier certaines adresses ou certains tronçons, et que, au final, le résultat ne serait pas à la hauteur de mes attentes. La solution était plus rapide, mais je préfère prendre un peu plus de temps pour obtenir un bon résultat. Et puis, cette base de données d’adresse me sera utile tout au long de mon projet. En plus, comme on dit en informatique, « garbage in, garbage out »; on ne fait pas de trésor avec des vidanges!

J’ai donc décidé de géoréférencer mes nouvelles cartes pour construire le paysage urbain des faubourgs, puis la carte de Gruninger pour localiser les différentes adresses du centre de Strasbourg (ancienne ville fortifiée). Je dois donc vectoriser l’ensemble des rues et des adresses pour Strasbourg en 1920. Pour ce faire, j’utilise mes cartes anciennes, une carte moderne (OpenStreet Maps) et mes annuaires d’adresses. Je me suis donc fait un petit «setup» dans QGIS pour accélérer ces étapes.

« Setup » pour la vectorisation sur QGIS

J’ai donc intégré dans QGIS une deuxième fenêtre cartographique, puis la page web de la version numérisée de l’annuaire d’adresses de Strasbourg pour 1920. J’ai donc à gauche la liste des rues avec quelques informations intéressantes comme le sens de la numérotation (CT/FT) ou encore l’arrondissement de Police. Puis, en dessous du nom, il y a la liste des bâtiments avec les individus qui résident à cette adresse. Une à une, je trouve la rue sur ma carte ancienne, m’aidant de la carte actuelle à certains moments, puis je vectorise la rue. Puisque chaque rue est associée à un identifiant, je peux utiliser cet identifiant lorsque je vectorise les bâtiments juste après. Par exemple, la rue de l’ail porte le numéro 11; j’ajoute donc chaque adresse en ajoutant 11 dans le champ rue.

Peut-être aurez-vous également remarqué que j’ai corrigé les couleurs de la carte de Gruninger pour faire ressortir les contrastes, afin de faciliter la lecture des nombres. J’ai plusieurs semaines de travail en vue pour terminer la vectorisation du territoire, mais cela en vaudra la peine.

Pour ceux qui aimeraient savoir comment diviser la fenêtre QGIS pour y mettre plusieurs vues de votre carte, ou encore comment ajouter un navigateur web, je vous ferai dans les prochains jours un tutoriel! À bientôt!

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