Les engagements, les contrats et les travaux m’ont tenu à l’écart de mon carnet de recherche pendant les derniers mois. Pour autant, j’ai beaucoup fait avancer ma réflexion sur mon mémoire. Dans cet article, je souhaite vous présenter le fruit de certaines de mes réflexions, mais aussi vous présenter le début de la vectorisation de mes données.
Au cours des derniers mois, j’ai surtout réfléchi à la façon dont je pourrais localiser les acteurs du système alimentaire. Au début, j’avais imaginé indexer l’ensemble des rues de la ville de nos jours, puis indexer les rues du passé pour faire des recoupements. J’aurais également utilisé le Dictionnaire historique des rues de Strasbourg pour obtenir une table de correspondance précise. J’ai donc indexé l’ensemble des rues, mais il demeure nécessaire de vectoriser les entités géographiques. J’avais donc imaginé extraire les données à partir de OpenStreetMaps, puis les joindre à ma table de correspondance, et finalement modifier ou supprimer les entités ne correspondant pas. Pour autant, je n’étais pas satisfait des résultats.
En effet, bien que les rues de Strasbourg aient peu évoluées, quelques changements importants dans la configuration de la ville, outre son expansion, nuisaient à la reconstitution de l’espace géographique.
De plus, j’avais tenté de rejoindre le professeur Thierry Hatt, qui a travaillé au début des années 2000 au développement d’un système d’information géographique historique (SIGH) de la ville de Strasbourg, retraçant l’évolution urbaine entre 1674 et 2003. Ce projet a fait l’objet de plusieurs publications, mais malheureusement le SIGH en lui-même n’est plus accessible en ligne. Après plusieurs tentatives, je n’ai pas réussi à contacter le professeur ni l’organisme qui hébergeait le projet. Je compte réessayer, peut-être même en me rendant directement sur place lors de mon voyage dans les archives de Strasbourg à la fin février.
Ces cartes qui m’attendaient…
Lors de ma planification initiale du projet, je comptais recréer l’environnement géographique de Strasbourg principalement à partir de cartes d’époque. J’avais laissé tomber cette idée en pensant que le traitement de données pourrait accélérer le processus. N’étant pas satisfait du résultat, je reviens donc vers ces cartes qui m’attendaient. J’avais fait l’acquisition de trois cartes, qui, bien que tombées dans le domaine public, étaient revendues entre 25 et 50 euros (mais c’est une autre histoire), datant de 1920, 1930 et 1936. Ces cartes anciennes en haute résolution n’attendaient qu’à être vectorisées pour redonner vie au Strasbourg de l’entre-deux-guerres.
Aux trois cartes que j’avais déjà achetées (ci-dessous), je compte également en ajouter au moins une pour valider certaines informations. D’abord, voici les trois cartes en ma possession. Dans l’ordre, celle de 1920, 1930 puis 1936:
La quatrième carte quant à elle daterait de 1948, donc après la période étudiée. Elle sera donc là pour confirmer plutôt que pour établir à quoi ressemblait l’urbanité strasbourgeoise durant l’entre-deux-guerres.
Processus
Durant mes vacances des fêtes, j’en ai profité pour réfléchir à la meilleure façon de construire mon SIGH. J’ai décidé de m’attaquer au tout en trois étapes. La première étape consiste à créer un fichier Geopackage qui contiendra l’ensemble de mes couches de données géographiques. Je commence donc en géoréférençant une carte ancienne. Puis, je crée une couche pour vectoriser les rues, puis les rivières, les bâtiments publics, les blocs… En même temps, je remplis la table des attributs de ces entités en vue d’une future utilisation. Une fois la carte vectorisée, je pourrai passer à la seconde carte, et ainsi de suite.
À la fin, j’aurai donc plusieurs couches d’informations géographiques sur Strasbourg pour les différentes années de l’entre-deux-guerres. Je devrai alors placer les différentes adresses sur la carte. Pour y arriver, j’utiliserai la première partie des annuaires d’adresses de la ville de Strasbourg, qui recense par rue les bâtiments et leurs habitants. Cet énorme nuage de point représentera donc l’ensemble des «portes» pour la ville et ses arrondissements.
Finalement, je pourrai construire une table de données sur les acteurs alimentaires, qui, une fois jointe, permettra de lier les acteurs avec les «portes». Au terme de ces trois processus, je pourrai donc commencer mes analyses et ajouter les autres données que je souhaite incorporer.
Vectorisation
Le 4 janvier 2020, j’ai donc commencé par géoréférencer la carte de 1930, puis j’ai débuté la numérisation. Voici donc le résultat du géoréférencement:
J’ai pu à partir de ce géoréférencement entreprendre la numérisation des masses de terres, des routes puis des bâtiments publics:
Bien évidemment, je n’ai pas terminé, mais on commence à se rapprocher du Strasbourg de 1930 tranquillement. Le seul problème pour l’instant avec cette approche, c’est que mes cartes sont centrées sur Strasbourg, mais n’incluent pas les arrondissements, comme Robertsau, Cronenbourg ou Neudorf. Je réfléchis donc à savoir si j’enlève ces arrondissements ou si je compare les rues listées dans les annuaires avec les rues actuelles pour obtenir un résultat vraisemblable. En même temps, peut-être verrai-je mon problème se régler avec mon incursion dans les archives de la belle Eurométropole?
Références
- Thierry Hatt. Histoire urbaine de Strasbourg 1674-2003 – Construction d’un SIG historique avec les élèves. 2004. Applications en géographie et en histoire, p.38-41
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